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jeudi 6 mars 2025

alors, que pèsent les pierres de la chapelle ? - ( RC )

 


photo Jérôme Pignol


-

Le ciel a vaincu

la chapelle de pierre

il ne reste de l'ouverture

que la fenêtre étroite

à l'aspect de meurtrière

mais le mur a disparu.

      Une brèche sur l'azur

où les prières s'égarent

dans le passé.


Le causse reste le même

indifférent aux guerres

             et aux efforts

            des bâtisseurs

où rêves et illusions se séparent.


C'est comme dans un poème

qui tendrait vers l'épure

emportée au premier coup de vent:

c'est que la nature

a pour elle        tout son temps


Le poids des ans

courbe davantage 

celui des nuages

voguant dans le ciel...

       Alors,             que pèsent 

            les pierres de la chapelle ?

dimanche 2 mars 2025

Où trouver encore du bleu si le ciel nous abandonne ? - ( RC )


photographe non identifié


 Où trouver encore du bleu
si le ciel nous abandonne ?
-
           Faire l'ascension des collines,
           quitter les plaines
           pour les pentes de basalte
    et de granite,
où une mer de pierres
surgit au détour du chemin.
-
La plateau de l'Aubrac
        est celle du vent
           et de la solitude.
Un peu de neige y est restée
malgré une douceur inhabituelle
en ces mois d'hiver.
-
Au lointain,       les monts du Cantal
                      surgissent à l'horizon,
attirant les regards
étincelants de leur blanc.
-
On ne trouve ses repères
qu'avec une croix solitaire
des bouquets de pins épars,
quelques burons
sur les promontoires
aux toits montant du sol.
-
Nous sommes sur le côté ombre
              et l'ocre de la pierre
            laisse la place au bleu
qui s'empare aussitôt
des empreintes de nos pas...



RC

mardi 17 décembre 2024

Cascade du Déroc - ( RC )

photo "Lozère tourisme"

 

 

La lumière précède

le parcours vertical

de l'eau lente,      hésitante.

 

Elle serpente,      paresseuse,

entre les herbes humbles

du plateau d'Aubrac.

 

C'est la fin du basalte

au bout du champ,

là où l'horizon se rompt,

infidèle à sa ligne.

 

Le ruisseau n'a plus d'appui,

                  chute vertigineuse,

           à l'aplomb de la falaise:

 

la cascade de Déroc

n'hésite plus

sur le chemin à prendre,

 

éclaboussant les blocs géométriques

de ses embruns

        les bousculant,

 

puis.  reprend son cours paisible,

elle court,             plus bas

rejoindre d’autres eaux

dans d'autres prairies,

       

toujours en train de renaître

              grossissante,

pour se perdre enfin

 

dans les yeux sombres

d'un lac qui reflète

l'assemblée obscure des pins

barrant une partie du jour...

 

 

( écrit en ricochet aux mots de Marilyse Leroux "rejoindre d’autres eaux" )


vendredi 13 décembre 2024

L'hiver du sortilège - ( RC )




Là où les arbres se penchent,
c'est l'hiver du sortilège.
Tout s'efface sous une couverture blanche
qui recouvre tout, silencieusement
entre  Sauveterre et Méjean,
vêtus de leur manteau de neige...



texte   R Chabrière -  décembre 2024

mardi 26 mars 2024

Une chanson de lune ( RC )

 Celui qui viendra,

montage RC – sur la « croix du Buffre » ( causse Mejean )

Celui qui viendra, 

m’échangera des quartiers de lune,
contre les étendues sauvages
des steppes orientales, à traverser,
-comme les causses, pour un ultime voyage-.

Pourtant les doigts fins de ses rayons,
iront , de même, jeter leur dévolu
sur les montagnes enneigées.
( Je serai sans doute toujours un étranger
aux pays que je n’aurai pas connus.)

Mais quelle que soit ma position
le ballon lunaire viendra me dire sa chanson,
sauf dans les catacombes
et les grottes obscures

où les épaisseurs d’ombre
exercent leur censure
avec tant de certitude,
car je ne réside pas encore
dans le sombre décor
où d’autres ont leurs habitudes…


vendredi 1 mars 2024

une plaine suspendue - ( RC )

 





On pourrait  s'appuyer là,

allongés,

dans la large main

de la plaine  suspendue. 


L'espace  n'est plus  restreint,

mais on se doute bien

qu'il s'arrête quelque part,

même  si on n'en perçoit pas

les limites.


L'élargissement

viendrait de la marche,

du parcours,

où s'allège la masse

du causse

placé sous le couvercle

obtus  du ciel.


On est dedans,

avec des repères éparpillés :

quelques  roches en émergent 

sombres, des herbes jaunes.

Elles en allègent  le poids.


C'est un lieu étrangement familier. 


On pourrait s'y appuyer

comme  sur un balcon

solide et ferme,

ainsi le sont également

les maisons de pierre.


Les arbres y sont rares,

on les oublie,

comme on oublie de vent

qui traîne ses pinceaux de lumière

entre les nuages.


A force de le parcourir

de l'avoir en soi,

on ne le découvre plus:

on l'habite.



Lion de Lozère - ( RC )

 


          photo - provenance site  "le lion de Balsièges"  ( vallée du Lot )


L'ombre  du Kilimandjaro

a dû venir jusqu'en Lozère,

où se dresse le lion de pierre

tout en haut 


Il a dû laisser son esprit

s'imprimer dans les  nuages

avant que la pluie

ne vire à l'orage


Pour déposer le colosse

juste avant l'aurore

puis que l'océan  s'évapore

la chaîne des îles, tranformée en causse.


Rempart de pierres

sous un ciel livide

il nous sert de guide,

ancré dans le calcaire.


Tout au sommet du mont:

entend sa complainte

au-delà de l'horizon,

qui conserve son empreinte .


Un peu d'Afrique

se pose en bienveillance

avec le rugissement de silence 

de notre lion héroïque


qui lutte obstinément

aujourd'hui comme hier

contre le temps, 

accompagnant nos vies éphémères.


et photo perso  " le lion de Balsièges  sur  sa colline"

Sur le fil d'une rencontre invisible - ( RC )

 


        photo perso -   site de Montbrun, vallée du Tarn–

Je suis  sur le fil,                                         d’un tracé invisible.
Il est  sous mes pieds,                               mais abrité d’ombre
Et de terres,                          croisées sous la coupe de l’hiver.
La mer y a habité,                      pesé de son poids de vagues
Contourné des falaises et des îles
Déposé son lit de calcaire,                              sous des ciels de plomb,
Avant que le sol ne penche,                               et que l’eau ne reflue,
Comme ont reflué les siècles, perdus dans la mémoire du monde…

Je suis  sur le fil,                         d’une rencontre invisible,
Où les pierres se confrontent,        les torrents se ruent,
Et les chemins s’enroulent,      sur les crêtes de vertiges,
Si nous allons de ce pas,                  sur la croupe ouverte,
Où la droite, n’a jamais  de prise, aux chutes des pentes,
De l’Aubrac aux Cévennes,      que parcourent, attentifs,
Beaucoup plus souvent,               vautours que goélands,
Au dessus des lèvres ouvertes,   des méandres du Tarn…

Ce ne sont pas les amours  splendides
Des légendes bretonnes,   marquées de la rage des pluies,
–                         Et des voiles qui claquent,
Au plancher  liquide, d’une mer grise,aux promesses de pêche
Mais le territoire,                      tourmenté de vallées profondes,
>           Disputant ses ombres  à la rudesse du causse,
Où de fermes de pierre,                              en vaisseaux désertés
Sont gardés de ruines  rocheuses,             les lèvres hautaines.

en  « réponse », à un texte  de Xavier Grall

ESCALE EN LEON

aux herbes indomptées, les racines du ciel - ( RC )

 Les herbes indomptées
grimpent à l'assaut des collines.
Dans le silence, elles vibrent
de la harpe des vents,
se courbent en vagues
jusqu'au chapeau des bois sombres.


Des ondulations du causse,
un ventre de prières
est une promesse de paysage
offert à la lumière.


Les dents isolées des rochers,
fantômes de calcaire,
semblent la mordre 
en s'opposant aux racines du ciel
entrevues entre les nuages.


Je parcours les chemins caillouteux
entre les parois de murets centenaires
comme des lèvres gercées...








la récompense du marcheur - ( RC )


 On peut marcher longtemps
sans rencontrer personne,
aboutir dans une ferme à la toiture effondrée
où des carcasses de véhicules vétustes
sont exposées comme au musée,
un jeune pin voisinant leur rouille.


Les troupeaux de brebis ne viennent plus
faire résonner la steppe de leurs sonnailles,
le silence  s'est refermé ,        main invisible
                 dans les champs hors d'âge,
      où personne ne vient plus 
faire obstacle à l'avancée des pins.


Pourtant, en suivant un chemin
au parcours incertain,
de loin en loin, jurant sur la grisaille
                 un vert insolent 
dans la cuvette soyeuse d'une doline, 
contraste avec les pentes sauvages.


C'est la récompense du marcheur.
               Le causse réserve des surprises
dans  le moutonnement de ses collines
Tout n'est pas retourné à l'abandon
au seul profit des vallées touristiques
séparées d'elles par ses falaises verticales...





toutes photos perso  causse de Sauveterre,  Lozère

vendredi 9 février 2024

Les gris de payne de la Rance

 Proche de l'embouchure du fleuve, la Rance est soumise, comme beaucoup des cours d'eau côtiers de Bretagne ( les abers )   au flux et reflux de la marée.

La marée basse révèle les vases, leur matité, leur humidité, surtout lorsque la lumière changeante révèle des nuances  brunes, bleutées,  qui se combinent  avec les rideaux de brume.

Le temps variable permet d'autant plus de capter les aspects  changeants de  ce paysage  "lunaire",

qui n'est jamais défini, car recouvert par la marée  ou découvert par son reflux.


Observer  ces nuances permet aussi de préparer les prises de vues  de façon à pouvoir  les compenser ultérieurement pour  révéler d'autres nuances qui seraient gommées par de trop fortes oppositions ( contrastes ), notamment  quand  on fait le choix  du contre-jour.


















samedi 20 janvier 2018

Le corps d'un gisant - ( RC )




Mejean  Causse   -  10.JPG

photo perso – causse Méjean  Lozère  2016






Les collines s’offrent,
couchées en travers de l’horizon   .
Leur attitude a celle du corps
d’un gisant,                     endormi
sous le soleil comme sous la pluie ,
avec une robe d’herbes et de pins.

          – Il attend de se réveiller –
après avoir dialogué des millénaires,
       avec les aubes, 
       et ombres furtives .
Celles qui survolent,       sans s’arrêter,
causses          et falaises de pierre .

        Le parcours des nuages,
ne laisse de leur passage
qu’une trace effilochée ,
une sorte d’image du vent ,
-   de celle qu’on ne peut saisir,
ni déchiffrer le message.

On pense les pentes        immobiles : 
elles le sont en quelque sorte,
à notre échelle de temps ,
      mais ce sont des vagues,
et elles déferlent,     rebelles,
sous le ciel oublieux.

Contrairement aux gisants
soulevant les plaines,
        le ciel n’a pas de mémoire ,
et varie               au jour le jour .
Il ne fait pas mystère
de son indifférence.

Que ce soient des périodes gaies
ou attristées par des guerres ,
         des catastrophes,
il ne se souvient de rien.
Il n’est la proie ni du malheur,
ni de la joie .

Alors que la roche
se referme sur ses blessures :
le sol conservant en profondeur,
intact        – le livre de la terre    ,
peuplé de grottes souterraines,
et d’espèces fossilisées.

Souffre-t-elle
du passage du temps ?
En est-elle prisonnière,
ou conserve t-elle
       des êtres de pierre 
dont la légende s’éternise ?

Il suffit de vouloir la lire,
d’aimer les vallées verticales,
de capter le pinceau de lumière
qui les sculpte, et les fait basculer
dans d’autres saisons,
           comme dans d’autres mondes .


RC – juin 2017

mardi 13 juin 2017

Pierres du Mont Lozère

Mt Lozere rochers rayon--.JPG
photo perso  2005 : Mont Lozère et « clapas »

On a semé sur le mont Lozère,
quantité de pierres,
de gros calibre,
parfois en équilibre .
Elles sommeillent,
la face contre le ciel,
portent le monde à l’envers,
le nez en l’air…
Elles se disputent souvent
avec l’âpre vent,
la tempête et le froid
où les arbres peinent à tenir droit.
Entends-tu leur chanson
qui accompagne les saisons ?
              Sur leur peau douce
ne s’aggrippent pas les mousses
          Ne crains pas leur fuite :
ce sont des masses de granite,
lentement accumulées
qui ne risquent pas de s’envoler.
Ce sont des sentinelles
dépourvues d’ailes ,
qui veillent sur la plaine,
et le décor de la scène  ,
où les millénaires peuvent s’écouler:
        leur muette consistance
          parle de leur patience :
ce n’est pas demain qu’elles vont s’écrouler…
RC – avr 2017