photo perso - causse de Sauveterre - Lozère
- Photographies personnelles des régions de la Margeride à l'Aubrac et surtout les grands plateaux calcaires qui font suite ( et fin ) aux grands Causses -
dimanche 20 juillet 2025
Il est l'heure de rentrer, et je sais que tu m'attends - ( RC )
photo perso - causse de Sauveterre - Lozère
à l'heure de rentrer
jeudi 6 mars 2025
alors, que pèsent les pierres de la chapelle ? - ( RC )
photo Jérôme Pignol
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Le ciel a vaincu
la chapelle de pierre
il ne reste de l'ouverture
que la fenêtre étroite
à l'aspect de meurtrière
mais le mur a disparu.
Une brèche sur l'azur
où les prières s'égarent
dans le passé.
Le causse reste le même
indifférent aux guerres
et aux efforts
des bâtisseurs
où rêves et illusions se séparent.
C'est comme dans un poème
qui tendrait vers l'épure
emportée au premier coup de vent:
c'est que la nature
a pour elle tout son temps
Le poids des ans
courbe davantage
celui des nuages
voguant dans le ciel...
Alors, que pèsent
les pierres de la chapelle ?
dimanche 2 mars 2025
Où trouver encore du bleu si le ciel nous abandonne ? - ( RC )
photographe non identifié -
Où trouver encore du bleu
si le ciel nous abandonne ?
-
Faire l'ascension des collines,
quitter les plaines
pour les pentes de basalte
et de granite,
où une mer de pierres
surgit au détour du chemin.
-
La plateau de l'Aubrac
est celle du vent
et de la solitude.
Un peu de neige y est restée
malgré une douceur inhabituelle
en ces mois d'hiver.
-
Au lointain, les monts du Cantal
surgissent à l'horizon,
attirant les regards
étincelants de leur blanc.
-
On ne trouve ses repères
qu'avec une croix solitaire
des bouquets de pins épars,
quelques burons
sur les promontoires
aux toits montant du sol.
-
Nous sommes sur le côté ombre
et l'ocre de la pierre
laisse la place au bleu
qui s'empare aussitôt
des empreintes de nos pas...
mercredi 30 octobre 2024
les pierres et leur visage -
Toutes les pierres et leur visage,
le secret enfermé dans la matière
statues figées de calcaire,
plateaux basculés de vent
abîmes et pas de géants…
la montagne encore m’attend
….sa façade altière
où ne s’ouvrent les portes
qu’avec la force tellurique
moi qui ne connais pas encore
la formule magique.
Le dédale des grottes
ne se résume pas à un « Sésame ».
Il s’agrandit sous nous pieds
La lumière s’y enterre
dans les galeries de l’âme.
Quelques animaux hantent
les parois verticales
traces humaines, mains négatives,
ocres et charbonneuses
on y entre comme par effraction.
Les pas portés avec précaution
comme dans un sanctuaire
entre colonnes et draperies:
tout un univers caché
profondément sous terre
où les dieux sont pétrifiés…
cf Ada Mondès — https://www.terreaciel.net/Ada-Mondes
Là où les Hommes oublient d’aller
les montagnes sont criblées de fleurs et de trous de serrures
orbites creuses des géants
bouche de la fée pétrifiée dans le sel
des enfants d’argile
des galeries pour l’âme
Si je marche là-bas
ma clé imaginaire ouvre toutes les portes
les sanctuaires dans la roche
La poésie toujours a sa demeure dans le ventre des montagnes
là où toutes les pierres ont un visage
vendredi 1 mars 2024
C'est le vent d'été - ( RC )
C’est le vent d’été
qui a couché les blés ,
un silence s’est fait parmi les bruits :
c’est bientôt la pluie
qui va nourrir la terre,
celle qui désaltère,
et que l’on attend
depuis si longtemps :
Pendant que le ciel oscille :
l’orage plante ses faucilles
concentre ses flèches
rebondit sur la terre sèche.
Il éparpille les jours torrides,
remplit les poitrines vides,
gonfle les ruisseaux,
cherche dans les rocs des échos,
qu’il trouve jusque dans ta voix :
cette soif insatiable que rien ne combat :
la vie est revenue d’une longue absence
Elle remercie la providence,
envisage un nouvel avenir :
je vois tes seins s’épanouir,
l’herbe reverdir,
et le désert refleurir…
J’ai beaucoup appris de tes paysages,
de l’attente et des passages,
des courbes de tendresse
où le temps paresse
de tes frissons secrets
et des lits défaits
où se courbe la rivière,
où se love la lumière :
Après l’orage et le calme revenu,
au silence dévêtu,
la chair embrasée,
enfin apaisée…
–
RC – avr 2019
samedi 20 janvier 2018
Le corps d'un gisant - ( RC )

photo perso – causse Méjean Lozère 2016
Les collines s’offrent,
couchées en travers de l’horizon .
Leur attitude a celle du corps
d’un gisant, endormi
sous le soleil comme sous la pluie ,
avec une robe d’herbes et de pins.
– Il attend de se réveiller –
après avoir dialogué des millénaires,
avec les aubes,
et ombres furtives .
Celles qui survolent, sans s’arrêter,
causses et falaises de pierre .
Le parcours des nuages,
ne laisse de leur passage
qu’une trace effilochée ,
une sorte d’image du vent ,
- de celle qu’on ne peut saisir,
ni déchiffrer le message.
On pense les pentes immobiles :
elles le sont en quelque sorte,
à notre échelle de temps ,
mais ce sont des vagues,
et elles déferlent, rebelles,
sous le ciel oublieux.
Contrairement aux gisants
soulevant les plaines,
le ciel n’a pas de mémoire ,
et varie au jour le jour .
Il ne fait pas mystère
de son indifférence.
Que ce soient des périodes gaies
ou attristées par des guerres ,
des catastrophes,
il ne se souvient de rien.
Il n’est la proie ni du malheur,
ni de la joie .
Alors que la roche
se referme sur ses blessures :
le sol conservant en profondeur,
intact – le livre de la terre ,
peuplé de grottes souterraines,
et d’espèces fossilisées.
Souffre-t-elle
du passage du temps ?
En est-elle prisonnière,
ou conserve t-elle
des êtres de pierre
dont la légende s’éternise ?
Il suffit de vouloir la lire,
d’aimer les vallées verticales,
de capter le pinceau de lumière
qui les sculpte, et les fait basculer
dans d’autres saisons,
comme dans d’autres mondes .
–
RC – juin 2017
vendredi 14 juillet 2017
Jacques Borel - Lozère
LOZÈRE - extrait du recueil " les murs du temps"
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Mon passé est mon avenir, mon avenir est mon passé,
Je n’ai jamais su où finir mais avais-je rien commencé
Et ce fleuve qui me sépare de cet autre horizon du temps
Où une rose de drapeaux halète dans la main du vent
Je suis en moi son origine jusqu’à cette pierreuse source
Dans la combe d’une poitrine où se confondent d’autres sources
Et dans ces rivages touffus engloutis dans la profondeur
Où mon père parle à ma mère une langue que je retrouve
Si la nuit j’expire à mon tour ce souffle d’herbe au fond des douves
Ou cette plainte murmurée à des lèvres immémoriales.
Quelle foule escorte toujours dès qu’elle a refermé la porte
Ou que décroît un pas perdu sur une route de baisers
La visiteuse chaque soir qui se penchait sur mes paupières
Et les mêmes témoins nocturnes jadis dans l’ombre du rideau
Ont-ils cessé de chuchoter leurs longs secrets cousus de larmes
A cet enfant abandonné dans les décombres du sommeil ?
Je reconnais sous les arceaux d’un même feuillage immobile,
A la table sous la tonnelle ou près du mur entre les roses,
Leur visage toujours cerné du même cerne de velours,
Ce soldat qui n’en finit plus de regarder loin devant lui,
La même aïeule sous sa guimpe et, dans le cloître de ses mains,
Cette religieuse peut-être qui sut un jour mon nom d’enfant
Et qui le cherche dans sa bouche où tremble encore un autre nom.
D’autres sont là, cachés, trahis par la nuit blanche de l’épine,
Près du portail dont j’ai perdu depuis longtemps la clé rouillée,
Je n’ai jamais rien connu d’eux que leurs robes dans le grenier
Ou ces habits tissus de vent dans des armoires entrouvertes,
Mais il suffit que je m’approche de cette combe sous les feuilles,
Là où commence la forêt et ses dédales interdits,
Pour que leurs mains touchent mes mains, pour qu’ils effleurent mon visage
Ou que j’entende dans ma gorge sourdre leur plainte ensevelie.
Reproche, sourire, murmure, patrie émiettée dans le cœur,
A chaque geste que je fais, au battement d’un cil soudain
Ou si mes doigts cherchent dans l’ombre un autre corps qu’ils croient vivant,
Cette caresse éveille au fond de son lit d’algue et de soupirs
Un autre couple bouche à bouche, un autre fleuve de baisers;
Elles se renouent dans mon sang les lentes noces solennelles,
Les fiançailles chuchotées, leurs tendres gestes de jacinthes,
Et ce tremblement d’une main jadis dans la houle nocturne
Affleure encore au ras des eaux et me supplie de l’achever.
J’ai déjà dit ce même nom, j’ai déjà bu ce même souffle,
Tout ressurgit, le temps intact, les longues strates dans le songe,
Et toi, mémoire aux deux visages, mémoire plus vieille que moi,
Tu m’entraînes toujours plus loin sous cet humus d’images en moi
Où les mêmes gestes sans âge retrouvent le secret des jours
Et les gisantes dans leur lit qui se referment doucement
Regardent la lune grandir sur l’aire pleine de bouquets
— Je vois comme elles au bord du ciel une charrue abandonnée,
Ce bras levé et dans ce poing une poignée de grains brûlants,
Cette Lozère sous les pierres et son murmure de forêts,
Ces loups même l’un contre l’autre serrés sur le seuil un matin
Et jusqu’à ce village vide où une femme en robe noire
Fait encor signe sur la route à un enfant qui n’est plus là.
mercredi 10 avril 2013
Flaques jaunes, flèches solaires
champ de colza en Toscane - photo ricsen
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C'est comme au don de la vie
si résistante au bleu
Que claquent les draps dans le vent,
Les oriflammes où se découpe ton ombre
Je suis venu emprunter
le fil suspendu
d'une balade, au soleil , nu.
Les flaques jaunes éparses au milieu des dolines,
Le causse comme ventre du jour, et
J'ai mêlé champ et corps
Sous le regard d'amour
Comme s'étend la terre
Aux flèches solaires
Que fécondent les abeilles.
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RC
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en parallèle au texte de Suzâme - champs de pissenlit"
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Balade suspendue
au jaune étendu.
Surprendre cette lumière
comme don de la vie
si résistante au bleu
changeant du ciel. Envie
de garder cette beauté première
la Terre, déesse des yeux.
Balade suspendue
au soleil nu.
Contempler ce champ d’or
comme ventre du jour
Ô vaste rêve, champ et corps
Bel astre de l’amour.
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Suzâme
(29/07/12)
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- photo perso - colza en doline ( Lozère)
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cet article est en relation avec le blog poétique "Art et tique et pique et mots et gammes"