- Photographies personnelles des régions de la Margeride à l'Aubrac et surtout les grands plateaux calcaires qui font suite ( et fin ) aux grands Causses -
jeudi 23 octobre 2025
Orage à venir - ( RC )
Les clairs fragiles
jeudi 16 octobre 2025
le toit de la bergerie - ( RC )
photo RC domaine de Boissets
Il est encore un de ces jours
où les nuages ont l'âme légère.
On se demande encore
pourquoi le toit se prolonge
ainsi jusqu'à la terre.
C'est qu'il faudrait alors
envisager le retour
des temps où le sourire s'efface,
les temps de neige et de glace:
Qui risquerait ses pas dehors
ne tarderait pas à se trouver un abri
contre les vents du plateau solitaire
la chaleur animale du troupeau de brebis,
sous le poids suspendu du calcaire
le causse alors désert
au-dessus de Sainte Enimie...
Il s'agira de passer un hiver
parmi les plus rudes
dans la grange isolée,
arcboutée sous la pierre
compter les journées de solitude
au son d'une meute de loups affamés
hurlant sous une lumière lunaire
contrepoids au silence épais
qui s'éterniserait
posé sur les drailles enneigées
et les pins noirs figés en blocs obscurs
celui de la nuit
où l'on distingue à peine la toiture
touchant terre, de la bergerie...
jeudi 6 mars 2025
alors, que pèsent les pierres de la chapelle ? - ( RC )
photo Jérôme Pignol
-
Le ciel a vaincu
la chapelle de pierre
il ne reste de l'ouverture
que la fenêtre étroite
à l'aspect de meurtrière
mais le mur a disparu.
Une brèche sur l'azur
où les prières s'égarent
dans le passé.
Le causse reste le même
indifférent aux guerres
et aux efforts
des bâtisseurs
où rêves et illusions se séparent.
C'est comme dans un poème
qui tendrait vers l'épure
emportée au premier coup de vent:
c'est que la nature
a pour elle tout son temps
Le poids des ans
courbe davantage
celui des nuages
voguant dans le ciel...
Alors, que pèsent
les pierres de la chapelle ?
dimanche 24 novembre 2024
Du voyage des nuages - ( RC )
Poussés par les vents sont les nuages
qu'ils peuvent parfois dialoguer avec les anges
ils prennent les formes les plus diverses:
en choux-fleurs, dorés sur leurs franges
ils passent et repassent , ombrent le paysage
leur ventre lourd d'averses.
J'en ai vu de plus solitaires
dédaigner les orages
coiffer des montagnes de chapeaux blancs
s'y lover un temps
avant de poursuivre leur voyage
tout autour de la terre...
Profitant d'un espace entre eux,
les douces collines jouissent de la lumière
une lumière provisoire venue des cieux
pendant que se déplacent les ombres
qui franchissent les ravins sans encombre:
les nuages à l'empreinte légère
au déplacement lent
poursuivent leur route sur le Sauveterre
après la faille du Tarn, sur le Méjean:
on devinera à leur mouvement
la direction du vent:
plus denses à présent,
ils se sont mis au gris
...plutôt qu'au vert
chargés d'une fine pluie
qui grossit ruisseaux et rivières
le causse l'attendait avec impatience
comme les troupeaux de brebis.
Quand j'ai pris la photographie,
j'en ai saisi toutes les nuances
avant de me mettre à l'abri
sous une cazelle...
C'est alors que s'est formé l'arc-en-ciel...
RC
vendredi 1 mars 2024
une plaine suspendue - ( RC )
On pourrait s'appuyer là,
allongés,
dans la large main
de la plaine suspendue.
L'espace n'est plus restreint,
mais on se doute bien
qu'il s'arrête quelque part,
même si on n'en perçoit pas
les limites.
L'élargissement
viendrait de la marche,
du parcours,
où s'allège la masse
du causse
placé sous le couvercle
obtus du ciel.
On est dedans,
avec des repères éparpillés :
quelques roches en émergent
sombres, des herbes jaunes.
Elles en allègent le poids.
C'est un lieu étrangement familier.
On pourrait s'y appuyer
comme sur un balcon
solide et ferme,
ainsi le sont également
les maisons de pierre.
Les arbres y sont rares,
on les oublie,
comme on oublie de vent
qui traîne ses pinceaux de lumière
entre les nuages.
A force de le parcourir
de l'avoir en soi,
on ne le découvre plus:
on l'habite.
samedi 21 octobre 2023
une tombée du jour en couleurs
Un soir un peu particulier, par les couleurs très changeantes d'une lumière rebondissant sur le causse et les nuages.... ici face au lion de Balsièges, vallée du Lot
mardi 20 juin 2023
Tant de silence avant l'orage - ( RC )
Tant de silences avant l’orage :les pentes attendent leurs solitudes
au chemin caillouteux de transhumance
où les bêtes attrapent les nuages
enfin ceux qui passent à leur portée :
un automne en plein été
qui dévale du Mont Lozère
mais jusqu’où ira t on s’arrêter ?
sans doute dans cet abri pour les bergers
au confort rudimentaire
une demi-heure de grêle
en guettant une trouée dans les nuées,
pour suivre le pinceau de lumière,
blocs de granit comme statues de sel…
samedi 20 janvier 2018
Le corps d'un gisant - ( RC )

photo perso – causse Méjean Lozère 2016
Les collines s’offrent,
couchées en travers de l’horizon .
Leur attitude a celle du corps
d’un gisant, endormi
sous le soleil comme sous la pluie ,
avec une robe d’herbes et de pins.
– Il attend de se réveiller –
après avoir dialogué des millénaires,
avec les aubes,
et ombres furtives .
Celles qui survolent, sans s’arrêter,
causses et falaises de pierre .
Le parcours des nuages,
ne laisse de leur passage
qu’une trace effilochée ,
une sorte d’image du vent ,
- de celle qu’on ne peut saisir,
ni déchiffrer le message.
On pense les pentes immobiles :
elles le sont en quelque sorte,
à notre échelle de temps ,
mais ce sont des vagues,
et elles déferlent, rebelles,
sous le ciel oublieux.
Contrairement aux gisants
soulevant les plaines,
le ciel n’a pas de mémoire ,
et varie au jour le jour .
Il ne fait pas mystère
de son indifférence.
Que ce soient des périodes gaies
ou attristées par des guerres ,
des catastrophes,
il ne se souvient de rien.
Il n’est la proie ni du malheur,
ni de la joie .
Alors que la roche
se referme sur ses blessures :
le sol conservant en profondeur,
intact – le livre de la terre ,
peuplé de grottes souterraines,
et d’espèces fossilisées.
Souffre-t-elle
du passage du temps ?
En est-elle prisonnière,
ou conserve t-elle
des êtres de pierre
dont la légende s’éternise ?
Il suffit de vouloir la lire,
d’aimer les vallées verticales,
de capter le pinceau de lumière
qui les sculpte, et les fait basculer
dans d’autres saisons,
comme dans d’autres mondes .
–
RC – juin 2017