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lundi 20 octobre 2025

la conque du vent et les herbes sauvages - ( RC )

 




La conque du vent 

fait chanter les herbes sauvages

          elles n'ont de limite

          que ceux des contours

des chemins de solitude...


des chemins que l'on parcourt

à nu sous le crépitement du soleil

ou dans les enjambées

des pins sylvestres


ils se hissent même

au sommet des monts

quand ceux-ci sont assez aimables

pour leur laisser une place

devant les murs de calcaire.


Sur le causse,

ils seraient cathédrale

               à ciel ouvert:

roche grise ou dorée

à la liturgie minérale...


Une eau - si rare maintenant -

l'a modelée, sculptée, perforée.

                   Sentinelles du passé

                 verticales harassées

              qu'une route étroite

           essaie de contourner,

les vautours eux, veillent

     dans les anfractuosités.


De vallée en vallée

  leur vol noir

   est un trait de silence

    lancé dans les airs

          ...nos foulées si lentes

          en comparaison 

       peinent à nous porter

  avec maints détours...


         Nous apprenons la distance

       le pas recommencé,

      le gris de la roche

     l'amande étirée de la doline

    les croix de chemins,

  la cohorte des nuages

 accrochée au loin

aux pentes de l'Aubrac...


samedi 20 janvier 2018

Le corps d'un gisant - ( RC )




Mejean  Causse   -  10.JPG

photo perso – causse Méjean  Lozère  2016






Les collines s’offrent,
couchées en travers de l’horizon   .
Leur attitude a celle du corps
d’un gisant,                     endormi
sous le soleil comme sous la pluie ,
avec une robe d’herbes et de pins.

          – Il attend de se réveiller –
après avoir dialogué des millénaires,
       avec les aubes, 
       et ombres furtives .
Celles qui survolent,       sans s’arrêter,
causses          et falaises de pierre .

        Le parcours des nuages,
ne laisse de leur passage
qu’une trace effilochée ,
une sorte d’image du vent ,
-   de celle qu’on ne peut saisir,
ni déchiffrer le message.

On pense les pentes        immobiles : 
elles le sont en quelque sorte,
à notre échelle de temps ,
      mais ce sont des vagues,
et elles déferlent,     rebelles,
sous le ciel oublieux.

Contrairement aux gisants
soulevant les plaines,
        le ciel n’a pas de mémoire ,
et varie               au jour le jour .
Il ne fait pas mystère
de son indifférence.

Que ce soient des périodes gaies
ou attristées par des guerres ,
         des catastrophes,
il ne se souvient de rien.
Il n’est la proie ni du malheur,
ni de la joie .

Alors que la roche
se referme sur ses blessures :
le sol conservant en profondeur,
intact        – le livre de la terre    ,
peuplé de grottes souterraines,
et d’espèces fossilisées.

Souffre-t-elle
du passage du temps ?
En est-elle prisonnière,
ou conserve t-elle
       des êtres de pierre 
dont la légende s’éternise ?

Il suffit de vouloir la lire,
d’aimer les vallées verticales,
de capter le pinceau de lumière
qui les sculpte, et les fait basculer
dans d’autres saisons,
           comme dans d’autres mondes .


RC – juin 2017