mercredi 30 octobre 2024

les pierres et leur visage -

     


   


   Toutes les pierres et leur visage,


cf Ada Mondès — https://www.terreaciel.net/Ada-Mondes

Là où les Hommes oublient d’aller
les montagnes sont criblées de fleurs et de trous de serrures
orbites creuses des géants
bouche de la fée pétrifiée dans le sel
des enfants d’argile
des galeries pour l’âme

Si je marche là-bas
ma clé imaginaire ouvre toutes les portes
les sanctuaires dans la roche

La poésie toujours a sa demeure dans le ventre des montagnes
là où toutes les pierres ont un visage

vendredi 4 octobre 2024

Modeste contribution à l'architecture - ( RC )

 


photo perso - Pailhers de Bramonas... le puits ( commune de Balsièges  Lozère )

  Un défi
   en pierres sèches,
   après l'assise, les fondations
   le sable le ciment
   les brouettes oscillant,
   tu penses ...     mur
               et il s'élève
               lentement
   obtus de pierres
   lourd puzzle
   où on aligne
   même les informes
   calant les interstices
   question d'équilibre
              future forteresse
                          peut-être
   jusqu'à occulter le jour
   sauf à prévoir
   l'accueil de la lumière
       linteaux ouvertures
   archère, meurtrière
   insérer les gonds
   fenêtre future
   finition, joints
   modillon,        écoinçon
  

 modeste contribution
   à l'architecture

mardi 24 septembre 2024

dans un temps suspendu, indéfini - ( RC )

 



photo Michel Séguret - Causse Méjean l'hiver



Les plaies du sol saignent de leurs veines:

des précipices, des abîmes
des roches qui les surplombent
de gardiens du temps,
inamovibles.

Les vautours s’en font refuge
surveillent les vallées profondes,
les minces filets d’eau
brillant comme argent.

Tout cela se passe de paroles,
qui de toute façon,
ne trouveraient pas d’écho
aux extrémités opposées des causses,
désaccords de nue solitude.

Il n’y a que la neige
pour lui donner une unité:
l’un après l’autre, les reliefs en sont recouverts:
elle panse les blessures
même de façon provisoire:

chaque petit grain minuscule s’accrochant
à l’immobile, rejoint son semblable
pour étendre sa lingerie immaculée.

Cela sans le moindre bruit.
A l’orée du bleu, le ciel disparaît
derrière un rideau gris,
d’autant plus gris que le blanc
répercute dans son velours
la moindre lueur.

Il semble à portée de main
et la lumière est en sa demeure
celle des choses occupant tout l’espace,
trop grand sans doute pour nous,

car tout s’efface,
comme si plus rien ne subsistait
sous la surface unie,
vierge de toute présence,

dans un temps suspendu, indéfini.

mercredi 18 septembre 2024

Emmenez-moi sur les plateaux - ( RC )


 

le pas de l'âne nous arrive, de son rythme balancé - ( RC )

             photos perso  causse de Sauveterre      septembre 2024

Le pas de l'âne, nous arrive 
de son rythme balancé.
Toute une famille est venue nous rendre visite
bel échantillonnage de couleurs
sur l'herbe grise d'une  fin d'été.
Ils sont venus en confiance, avec curiosité,
nous apportions un peu de variété
à leurs yeux doux de tendresse.
Le temps s'étend de tout son long.

 
Le causse se déroule, en écrans d'ombre ou de clarté, 
selon la marche des nuages.
Terre de contrastes et de collines,
que la lumière caresse
ses changements jouent de leur écho, 
sur la croupe des animaux, 
leur paisible sagesse,
qui répond à la fuite des horizons,



poésie imagée qui s'étend tout autour
dans la solitude et l'horloge du temps
qui avance tout en silence.




causse de Sauveterre  ----  des collines de la baraque de l'Estrade - vue sur les Bondons




samedi 10 août 2024

dans un temps suspendu, indéfini - ( RC )

 

photo Michel Séguret - " au bout du champ"  ( causse Méjean )




Les plaies du sol saignent de leurs veines:

il y a des précipices, des abîmes 

où les roches qui les surplombent

ont l'air de gardiens du temps,

inamovibles.


Les vautours s'en font refuge

et surveillent les vallées profondes,

les minces filets d'eau

brillant comme argent.


Tout cela se passe de paroles,

qui de toute façon,

ne trouveraient pas d'écho

aux extrémités opposées des causses,

désaccords de nue solitude.


Il n'y a que la neige

pour lui donner une unité:

l'un après l'autre, les reliefs en sont recouverts:

elle panse les blessures

même de façon provisoire:


chaque petit grain minuscule  s'accrochant

à l'immobile, rejoint son semblable

pour étendre sa lingerie immaculée.


Cela sans le moindre bruit.

A l'orée du bleu, le ciel disparaît

derrière un rideau gris,

d'autant plus gris que le blanc

répercute dans son velours

la moindre lueur.


Il semble à portée de main

et la lumière est en sa demeure

celle des choses occupant tout l'espace,

trop grand sans doute pour nous,


car tout s'efface,

comme si plus rien ne subsistait

sous la surface unie,

vierge de toute présence,


dans un temps suspendu, indéfini.


mardi 30 avril 2024

le corps des collines a ce goût de pierres ( RC )

 

provenance photo entente interdépartementale des Causses et Cévennes


Le corps des collines 

a ce goût de pierres,

émergeant de la terre :

un semis de calcaire

avec la sarriette et ses herbes brunes.


Sont oubliées les rives de la mer

pour les destinées du ciel.


Les abris des bergers

épars comme des îles

à peine émergées,

entourées de bouquets de thym.


On se réfugie dans les cazelles

pour s'abriter un temps

des ardeurs du soleil,

du souffle impétueux du vent.


On fait corps avec la nature,

on en oublie la pluie

pour surveiller le troupeau de brebis

et sa maigre pâture


avant de les raccompagner

en fin de journée

dans la bergerie

arcboutée sous un rocher...

mardi 26 mars 2024

Cardabelle - ( RC )

 



     photo RC  " cardabelle"  en Sauveterre


Fleurs d'étoiles,

sont-elles, d'un azur pâle,

tombées du ciel ?

sur le moutonnement

fantasque du Méjean...


qu'indiquent elles ,

ces fleurs cardabelles

que l'on trouve dans les champs ?

- le changement du temps,

mieux que ne saurait promettre

le plus fidèle baromètre....


( un soleil changeant

posé à ras de terre,

si tu l'observes attentivement...

qui garde tout son piquant

en pays de Sauveterre )


RC


( fleurs  d'étoiles  fait  référence aussi au blog du même nom ( lien )

Une chanson de lune ( RC )

 Celui qui viendra,

montage RC – sur la « croix du Buffre » ( causse Mejean )

Celui qui viendra, 

m’échangera des quartiers de lune,
contre les étendues sauvages
des steppes orientales, à traverser,
-comme les causses, pour un ultime voyage-.

Pourtant les doigts fins de ses rayons,
iront , de même, jeter leur dévolu
sur les montagnes enneigées.
( Je serai sans doute toujours un étranger
aux pays que je n’aurai pas connus.)

Mais quelle que soit ma position
le ballon lunaire viendra me dire sa chanson,
sauf dans les catacombes
et les grottes obscures

où les épaisseurs d’ombre
exercent leur censure
avec tant de certitude,
car je ne réside pas encore
dans le sombre décor
où d’autres ont leurs habitudes…


Le don fauve d'un jour - ( RC )

 

        photo perso  juillet 2023  environs de Nissoulogres, au dessus des gorges du Tarn
-

Vers Nissoulogres

le don fauve d'un jour

était, comme nous,

en équilibre  sur la crête.


Le sentier de pierre,

bordé de buis,

accueillait le vent,

suspendu à l'extrème bord du causse,

prêt à basculer dans l'ombre bleue.


Il ne voulait pas abdiquer

devant l'avancée de la nuit

qui déjà, rampe

au fond de la rivière.


Nos pas nous emportaient

vers des chemins étroits

bordés de murets centenaires

dessinant leurs lignes dorées

dans le lointain d'un lent crépuscule.


Il se déposait, comme tous les soirs

avec la poussière des ans

sur le berceau de calcaire:


( songe renouvelé

où se sommeil des pierres

connaît son moment ultime ),

figé, juste avant la nuit,

dans notre rétine...


RC


ce texte est un écho à celui de Susanne Derève,  que l'on peut lire ici


vendredi 1 mars 2024

une plaine suspendue - ( RC )

 





On pourrait  s'appuyer là,

allongés,

dans la large main

de la plaine  suspendue. 


L'espace  n'est plus  restreint,

mais on se doute bien

qu'il s'arrête quelque part,

même  si on n'en perçoit pas

les limites.


L'élargissement

viendrait de la marche,

du parcours,

où s'allège la masse

du causse

placé sous le couvercle

obtus  du ciel.


On est dedans,

avec des repères éparpillés :

quelques  roches en émergent 

sombres, des herbes jaunes.

Elles en allègent  le poids.


C'est un lieu étrangement familier. 


On pourrait s'y appuyer

comme  sur un balcon

solide et ferme,

ainsi le sont également

les maisons de pierre.


Les arbres y sont rares,

on les oublie,

comme on oublie de vent

qui traîne ses pinceaux de lumière

entre les nuages.


A force de le parcourir

de l'avoir en soi,

on ne le découvre plus:

on l'habite.



Lion de Lozère - ( RC )

 


          photo - provenance site  "le lion de Balsièges"  ( vallée du Lot )


L'ombre  du Kilimandjaro

a dû venir jusqu'en Lozère,

où se dresse le lion de pierre

tout en haut 


Il a dû laisser son esprit

s'imprimer dans les  nuages

avant que la pluie

ne vire à l'orage


Pour déposer le colosse

juste avant l'aurore

puis que l'océan  s'évapore

la chaîne des îles, tranformée en causse.


Rempart de pierres

sous un ciel livide

il nous sert de guide,

ancré dans le calcaire.


Tout au sommet du mont:

entend sa complainte

au-delà de l'horizon,

qui conserve son empreinte .


Un peu d'Afrique

se pose en bienveillance

avec le rugissement de silence 

de notre lion héroïque


qui lutte obstinément

aujourd'hui comme hier

contre le temps, 

accompagnant nos vies éphémères.


et photo perso  " le lion de Balsièges  sur  sa colline"

Sur le fil d'une rencontre invisible - ( RC )

 


        photo perso -   site de Montbrun, vallée du Tarn–

Je suis  sur le fil,                                         d’un tracé invisible.
Il est  sous mes pieds,                               mais abrité d’ombre
Et de terres,                          croisées sous la coupe de l’hiver.
La mer y a habité,                      pesé de son poids de vagues
Contourné des falaises et des îles
Déposé son lit de calcaire,                              sous des ciels de plomb,
Avant que le sol ne penche,                               et que l’eau ne reflue,
Comme ont reflué les siècles, perdus dans la mémoire du monde…

Je suis  sur le fil,                         d’une rencontre invisible,
Où les pierres se confrontent,        les torrents se ruent,
Et les chemins s’enroulent,      sur les crêtes de vertiges,
Si nous allons de ce pas,                  sur la croupe ouverte,
Où la droite, n’a jamais  de prise, aux chutes des pentes,
De l’Aubrac aux Cévennes,      que parcourent, attentifs,
Beaucoup plus souvent,               vautours que goélands,
Au dessus des lèvres ouvertes,   des méandres du Tarn…

Ce ne sont pas les amours  splendides
Des légendes bretonnes,   marquées de la rage des pluies,
–                         Et des voiles qui claquent,
Au plancher  liquide, d’une mer grise,aux promesses de pêche
Mais le territoire,                      tourmenté de vallées profondes,
>           Disputant ses ombres  à la rudesse du causse,
Où de fermes de pierre,                              en vaisseaux désertés
Sont gardés de ruines  rocheuses,             les lèvres hautaines.

en  « réponse », à un texte  de Xavier Grall

ESCALE EN LEON

C'est le vent d'été - ( RC )

 


C’est le vent d’été

qui a couché les blés ,
un silence s’est fait parmi les bruits :
      c’est bientôt la pluie
qui va nourrir la terre,
celle qui désaltère,
                  et que l’on attend
               depuis si longtemps :
Pendant que le ciel oscille :
        l’orage plante ses faucilles
        concentre ses flèches
rebondit sur la terre sèche.

Il éparpille les jours torrides,
     remplit les poitrines vides,
gonfle les ruisseaux,
     cherche dans les rocs des échos,
qu’il trouve jusque dans ta voix :
cette soif insatiable     que rien ne combat :
       la vie est revenue d’une longue absence
Elle remercie la providence,
       envisage un nouvel avenir :
je vois tes seins s’épanouir,
       l’herbe reverdir,
       et le désert refleurir…

J’ai beaucoup appris de tes paysages,
      de l’attente et des passages,
     des courbes de tendresse
où le temps paresse
     de tes frissons secrets
     et des lits défaits
où se courbe la rivière,
où se love la lumière :
     Après l’orage et le calme revenu,
                au silence dévêtu,
                la chair embrasée,
                enfin apaisée…


RC – avr 2019

aux herbes indomptées, les racines du ciel - ( RC )

 Les herbes indomptées
grimpent à l'assaut des collines.
Dans le silence, elles vibrent
de la harpe des vents,
se courbent en vagues
jusqu'au chapeau des bois sombres.


Des ondulations du causse,
un ventre de prières
est une promesse de paysage
offert à la lumière.


Les dents isolées des rochers,
fantômes de calcaire,
semblent la mordre 
en s'opposant aux racines du ciel
entrevues entre les nuages.


Je parcours les chemins caillouteux
entre les parois de murets centenaires
comme des lèvres gercées...








la récompense du marcheur - ( RC )


 On peut marcher longtemps
sans rencontrer personne,
aboutir dans une ferme à la toiture effondrée
où des carcasses de véhicules vétustes
sont exposées comme au musée,
un jeune pin voisinant leur rouille.


Les troupeaux de brebis ne viennent plus
faire résonner la steppe de leurs sonnailles,
le silence  s'est refermé ,        main invisible
                 dans les champs hors d'âge,
      où personne ne vient plus 
faire obstacle à l'avancée des pins.


Pourtant, en suivant un chemin
au parcours incertain,
de loin en loin, jurant sur la grisaille
                 un vert insolent 
dans la cuvette soyeuse d'une doline, 
contraste avec les pentes sauvages.


C'est la récompense du marcheur.
               Le causse réserve des surprises
dans  le moutonnement de ses collines
Tout n'est pas retourné à l'abandon
au seul profit des vallées touristiques
séparées d'elles par ses falaises verticales...





toutes photos perso  causse de Sauveterre,  Lozère

mercredi 21 février 2024

Va où les pas te portent - ( RC )


                                                       photo RC          côte des Bondons, corniche du Tarn, Cévennes, Lozère 


Va où les pas te portent,

ôte tes chaussures
pour naviguer entre deux crêtes,
entre dans le matin gris,
glisse sur les épines lisses,
que tes poumons s’emplissent
de l’air sucré de pins,
puis plaqué sur la roche
à même la falaise
trouver cet étroit passage
fleurs de lichens orangés
s’accrocher aux rochers,
respirer la pierre,
rugueuse sous les mousses,
encore quelques efforts
pour hisser ton corps,
voir les épis sauvages
se courber sous le vent,
crépuscule d’éternité
épiderme de la vallée,
les villages dans les brumes
au loin, presque effacés,
suivre un sentier incertain
tracé par les bêtes
sangliers et lapins
empiéter sur le territoire
des oiseaux au vol froissé d’ailes
suivre encore le chemin
sous la voûte des mélèzes,
remettre les chaussures
éviter les flaques
du précédent orage…
…envisager le retour
sous le matin-pluie
après un grand détour…

vendredi 9 février 2024

Les gris de payne de la Rance

 Proche de l'embouchure du fleuve, la Rance est soumise, comme beaucoup des cours d'eau côtiers de Bretagne ( les abers )   au flux et reflux de la marée.

La marée basse révèle les vases, leur matité, leur humidité, surtout lorsque la lumière changeante révèle des nuances  brunes, bleutées,  qui se combinent  avec les rideaux de brume.

Le temps variable permet d'autant plus de capter les aspects  changeants de  ce paysage  "lunaire",

qui n'est jamais défini, car recouvert par la marée  ou découvert par son reflux.


Observer  ces nuances permet aussi de préparer les prises de vues  de façon à pouvoir  les compenser ultérieurement pour  révéler d'autres nuances qui seraient gommées par de trop fortes oppositions ( contrastes ), notamment  quand  on fait le choix  du contre-jour.