photo Michel Séguret - " au bout du champ" ( causse Méjean )
Les plaies du sol saignent de leurs veines:
il y a des précipices, des abîmes
où les roches qui les surplombent
ont l'air de gardiens du temps,
inamovibles.
Les vautours s'en font refuge
et surveillent les vallées profondes,
les minces filets d'eau
brillant comme argent.
Tout cela se passe de paroles,
qui de toute façon,
ne trouveraient pas d'écho
aux extrémités opposées des causses,
désaccords de nue solitude.
Il n'y a que la neige
pour lui donner une unité:
l'un après l'autre, les reliefs en sont recouverts:
elle panse les blessures
même de façon provisoire:
chaque petit grain minuscule s'accrochant
à l'immobile, rejoint son semblable
pour étendre sa lingerie immaculée.
Cela sans le moindre bruit.
A l'orée du bleu, le ciel disparaît
derrière un rideau gris,
d'autant plus gris que le blanc
répercute dans son velours
la moindre lueur.
Il semble à portée de main
et la lumière est en sa demeure
celle des choses occupant tout l'espace,
trop grand sans doute pour nous,
car tout s'efface,
comme si plus rien ne subsistait
sous la surface unie,
vierge de toute présence,
dans un temps suspendu, indéfini.
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