samedi 10 août 2024

dans un temps suspendu, indéfini - ( RC )

 

photo Michel Séguret - " au bout du champ"  ( causse Méjean )




Les plaies du sol saignent de leurs veines:

il y a des précipices, des abîmes 

où les roches qui les surplombent

ont l'air de gardiens du temps,

inamovibles.


Les vautours s'en font refuge

et surveillent les vallées profondes,

les minces filets d'eau

brillant comme argent.


Tout cela se passe de paroles,

qui de toute façon,

ne trouveraient pas d'écho

aux extrémités opposées des causses,

désaccords de nue solitude.


Il n'y a que la neige

pour lui donner une unité:

l'un après l'autre, les reliefs en sont recouverts:

elle panse les blessures

même de façon provisoire:


chaque petit grain minuscule  s'accrochant

à l'immobile, rejoint son semblable

pour étendre sa lingerie immaculée.


Cela sans le moindre bruit.

A l'orée du bleu, le ciel disparaît

derrière un rideau gris,

d'autant plus gris que le blanc

répercute dans son velours

la moindre lueur.


Il semble à portée de main

et la lumière est en sa demeure

celle des choses occupant tout l'espace,

trop grand sans doute pour nous,


car tout s'efface,

comme si plus rien ne subsistait

sous la surface unie,

vierge de toute présence,


dans un temps suspendu, indéfini.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire