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lundi 27 octobre 2025

A l'extrême bord des causses - ( RC )

 



Bien sûr           il se dresserait

aux limites extrêmes du causse,

exactement là où ce qui fut 

une mer paisible,

fut emporté    beaucoup plus loin

                       vers la Méditerranée

         comme si d'un seul coup

        elle avait reflué

avec l'inexorable croissance

des chaînes alpines

bousculant tout sur leur passage…


Il serait là,         agrippé à une roche

alors que la profonde vallée du Tarn

encore dans l'ombre à cette heure

se découpe

témoignage vivant

de tant d'années à s'écouler

( c'est le cas de le dire )


Et comment  ce filet d'eau

si ténu que l'on verrait à peine

si ce n'était le reflet du soleil…

ce fil d'argent qui serpente

entre les ruines rocheuses,


comment imaginer

qu'il a pu s'infiltrer

dans le calcaire,

y forer des cavités,

le limer petit à petit,

s'infiltrer dans les failles,

les élargir, 

et provoquer ces effondrements…


Il serait là 

devant l'étendue nue,

coiffée ponctuellement

de bosquets de pins sylvestres

serrés les uns contre les autres,

interrompue brusquement

par ces verticales du vertige,

à la recherche d'un improbable passage

en quête de repère

sur ce sol rompu

où la mémoire s'inscrit dans la pierre...


hameau accroché de Pougnadoires, vallée du Tarn



causse de Sauveterre


ici il ne s'agit pas de roche surplombant la vallée du Tarn, mais de la falaise du Cénaret, ( vallée du Lot ) qui a suivi de même évènement géologique


vendredi 14 juillet 2017

Jacques Borel - Lozère




LOZÈRE  -                        extrait du recueil  " les murs du temps"
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Mon passé est mon avenir, mon avenir est mon passé,
Je n’ai jamais su où finir mais avais-je rien commencé
Et ce fleuve qui me sépare de cet autre horizon du temps
Où une rose de drapeaux halète dans la main du vent
Je suis en moi son origine jusqu’à cette pierreuse source
Dans la combe d’une poitrine où se confondent d’autres sources
Et dans ces rivages touffus engloutis dans la profondeur
Où mon père parle à ma mère une langue que je retrouve

Si la nuit j’expire à mon tour ce souffle d’herbe au fond des douves

Ou cette plainte murmurée à des lèvres immémoriales.

Quelle foule escorte toujours dès qu’elle a refermé la porte
Ou que décroît un pas perdu sur une route de baisers
La visiteuse chaque soir qui se penchait sur mes paupières
Et les mêmes témoins nocturnes jadis dans l’ombre du rideau
Ont-ils cessé de chuchoter leurs longs secrets cousus de larmes
A cet enfant abandonné dans les décombres du sommeil ?

Je reconnais sous les arceaux d’un même feuillage immobile,
A la table sous la tonnelle ou près du mur entre les roses,


Leur visage toujours cerné du même cerne de velours,
Ce soldat qui n’en finit plus de regarder loin devant lui,
La même aïeule sous sa guimpe et, dans le cloître de ses mains,
Cette religieuse peut-être qui sut un jour mon nom d’enfant
Et qui le cherche dans sa bouche où tremble encore un autre nom.

D’autres sont là, cachés, trahis par la nuit blanche de l’épine,
Près du portail dont j’ai perdu depuis longtemps la clé rouillée,
Je n’ai jamais rien connu d’eux que leurs robes dans le grenier
Ou ces habits tissus de vent dans des armoires entrouvertes,
Mais il suffit que je m’approche de cette combe sous les feuilles,
Là où commence la forêt et ses dédales interdits,
Pour que leurs mains touchent mes mains, pour qu’ils effleurent mon visage
Ou que j’entende dans ma gorge sourdre leur plainte ensevelie.

Reproche, sourire, murmure, patrie émiettée dans le cœur,
A chaque geste que je fais, au battement d’un cil soudain
Ou si mes doigts cherchent dans l’ombre un autre corps qu’ils croient vivant,
Cette caresse éveille au fond de son lit d’algue et de soupirs
Un autre couple bouche à bouche, un autre fleuve de baisers;
Elles se renouent dans mon sang les lentes noces solennelles,
Les fiançailles chuchotées, leurs tendres gestes de jacinthes,
Et ce tremblement d’une main jadis dans la houle nocturne
Affleure encore au ras des eaux et me supplie de l’achever.

J’ai déjà dit ce même nom, j’ai déjà bu ce même souffle,
Tout ressurgit, le temps intact, les longues strates dans le songe,
Et toi, mémoire aux deux visages, mémoire plus vieille que moi,
Tu m’entraînes toujours plus loin sous cet humus d’images en moi

Où les mêmes gestes sans âge retrouvent le secret des jours
Et les gisantes dans leur lit qui se referment doucement
Regardent la lune grandir sur l’aire pleine de bouquets
Je vois comme elles au bord du ciel une charrue abandonnée,
Ce bras levé et dans ce poing une poignée de grains brûlants,
Cette Lozère sous les pierres et son murmure de forêts,
Ces loups même l’un contre l’autre serrés sur le seuil un matin
Et jusqu’à ce village vide où une femme en robe noire
Fait encor signe sur la route à un enfant qui n’est plus là.


lundi 9 janvier 2012

l'entorse africaine

Une fois n'est pas  coutume,   le causse  devient  brousse africaine...   ( c'est évidemment  un changement  -  et de climat et de latitude  qui pourrait bouleverser le monde ...  n'exagérons  rien,-------  disons, bousculer  les habitudes de mes lecteurs...  )

c'était il y a quelques  jours  au Burkina-Faso...

------------  sur mon blog littéraire  écrits & cris..   j'ai composé ce  texte:, aujourd'hui



Colonnes de mémoire ( RC)



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photo perso: racines de baobab à Boungou (B Faso) dec 2011



Bien au delà de la corde

Ce morceau d’arc de terre

Qui tend la distance

Et nos différences



J’ai perçu l’inversion du monde

Comme si la tête en bas

Mes pieds étaient collés

Sur le socle du ciel



Et j’avais à mon appui

D’immémoriales légendes

Des arbres sacrés

Dont les racines buvaient



Le ciel, et supportaient

Le monde de leurs pattes épaisses

Que le poids des siècles

Avaient plissé de mémoire



Enfouissant en profondeur

Au cœur de la sève fibreuse

Le passé douloureux d’une

Afrique à l’avenir incertain.





R Ch          09-01-2012
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mais la photo finale  n'apparaît pas aussi détaillée  que je le  souhaiterais, c'est pourquoi j'ai pris l'option de l'importer ici...

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