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Bien entendu, on pourrait entendre les âmes errantes,
ou ce qu'on suppose être celles des temps passés,
se froisser les unes contre les autres dans les bois sombres
de ce Gévaudan, qui porte en son ventre
tant de légendes, que les visages des gens
en portent quelque part la marque.
Ils entendraient presque , dans la course du vent,
les hurlements de loups solitaires.
Car parfois ils s'aventurent sur les prairies céladon,
ceintes de loin en loin de rocailles effritées...
Les frissons d'automne s'accompagnent déjà de givre,
et l'ombre des frênes paresse, en laissant une trace blanchâtre,
qui s'allonge malgré le parcours naissant du soleil,
au matin, en Margeride .
On s'abrite derrière les murs chaulés,
où dépassent des lits de pierres irrégulières,
qui s'animent au rythme des flammes de la cheminée.
Toute chose semble bouger, et le vent doucement, gémit ,
cherche à se faufiler sous la porte, ou dans l' interstice
d'une fenêtre, chanson persistante,
comme une parole inintelligible,
qui, dans le silence absolu,
chercherait à nous dire quelque chose.
C'est comme le murmure des ancêtres qui ont,
longtemps auparavant, habité ces lieux,
aimé ce que les arbres avaient à leur dire,
même de ces bois que l'on entend parfois craquer
à la jointure des poutres,
le fenil, où les ombres ont dormi
sous la charpente,
la grange où le linge claque aux bourrasques,
quand elles précèdent la tempête...
Un ciel parsemé de nuages fuyant vers le sud
donne des nouvelles de l'invisible,
l'azur a ce jour, la fragilité d'une porcelaine,
...prémisse de froidure à venir.
Il est temps que je t'écrive,
toi qui connais le pays
et en a goûté un peu de sa solitude,
aux ailes de soupir....
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