vendredi 1 mars 2024

une plaine suspendue - ( RC )

 





On pourrait  s'appuyer là,

allongés,

dans la large main

de la plaine  suspendue. 


L'espace  n'est plus  restreint,

mais on se doute bien

qu'il s'arrête quelque part,

même  si on n'en perçoit pas

les limites.


L'élargissement

viendrait de la marche,

du parcours,

où s'allège la masse

du causse

placé sous le couvercle

obtus  du ciel.


On est dedans,

avec des repères éparpillés :

quelques  roches en émergent 

sombres, des herbes jaunes.

Elles en allègent  le poids.


C'est un lieu étrangement familier. 


On pourrait s'y appuyer

comme  sur un balcon

solide et ferme,

ainsi le sont également

les maisons de pierre.


Les arbres y sont rares,

on les oublie,

comme on oublie de vent

qui traîne ses pinceaux de lumière

entre les nuages.


A force de le parcourir

de l'avoir en soi,

on ne le découvre plus:

on l'habite.



Lion de Lozère - ( RC )

 


          photo - provenance site  "le lion de Balsièges"  ( vallée du Lot )


L'ombre  du Kilimandjaro

a dû venir jusqu'en Lozère,

où se dresse le lion de pierre

tout en haut 


Il a dû laisser son esprit

s'imprimer dans les  nuages

avant que la pluie

ne vire à l'orage


Pour déposer le colosse

juste avant l'aurore

puis que l'océan  s'évapore

la chaîne des îles, tranformée en causse.


Rempart de pierres

sous un ciel livide

il nous sert de guide,

ancré dans le calcaire.


Tout au sommet du mont:

entend sa complainte

au-delà de l'horizon,

qui conserve son empreinte .


Un peu d'Afrique

se pose en bienveillance

avec le rugissement de silence 

de notre lion héroïque


qui lutte obstinément

aujourd'hui comme hier

contre le temps, 

accompagnant nos vies éphémères.


et photo perso  " le lion de Balsièges  sur  sa colline"

Sur le fil d'une rencontre invisible - ( RC )

 


        photo perso -   site de Montbrun, vallée du Tarn–

Je suis  sur le fil,                                         d’un tracé invisible.
Il est  sous mes pieds,                               mais abrité d’ombre
Et de terres,                          croisées sous la coupe de l’hiver.
La mer y a habité,                      pesé de son poids de vagues
Contourné des falaises et des îles
Déposé son lit de calcaire,                              sous des ciels de plomb,
Avant que le sol ne penche,                               et que l’eau ne reflue,
Comme ont reflué les siècles, perdus dans la mémoire du monde…

Je suis  sur le fil,                         d’une rencontre invisible,
Où les pierres se confrontent,        les torrents se ruent,
Et les chemins s’enroulent,      sur les crêtes de vertiges,
Si nous allons de ce pas,                  sur la croupe ouverte,
Où la droite, n’a jamais  de prise, aux chutes des pentes,
De l’Aubrac aux Cévennes,      que parcourent, attentifs,
Beaucoup plus souvent,               vautours que goélands,
Au dessus des lèvres ouvertes,   des méandres du Tarn…

Ce ne sont pas les amours  splendides
Des légendes bretonnes,   marquées de la rage des pluies,
–                         Et des voiles qui claquent,
Au plancher  liquide, d’une mer grise,aux promesses de pêche
Mais le territoire,                      tourmenté de vallées profondes,
>           Disputant ses ombres  à la rudesse du causse,
Où de fermes de pierre,                              en vaisseaux désertés
Sont gardés de ruines  rocheuses,             les lèvres hautaines.

en  « réponse », à un texte  de Xavier Grall

ESCALE EN LEON

C'est le vent d'été - ( RC )

 


C’est le vent d’été

qui a couché les blés ,
un silence s’est fait parmi les bruits :
      c’est bientôt la pluie
qui va nourrir la terre,
celle qui désaltère,
                  et que l’on attend
               depuis si longtemps :
Pendant que le ciel oscille :
        l’orage plante ses faucilles
        concentre ses flèches
rebondit sur la terre sèche.

Il éparpille les jours torrides,
     remplit les poitrines vides,
gonfle les ruisseaux,
     cherche dans les rocs des échos,
qu’il trouve jusque dans ta voix :
cette soif insatiable     que rien ne combat :
       la vie est revenue d’une longue absence
Elle remercie la providence,
       envisage un nouvel avenir :
je vois tes seins s’épanouir,
       l’herbe reverdir,
       et le désert refleurir…

J’ai beaucoup appris de tes paysages,
      de l’attente et des passages,
     des courbes de tendresse
où le temps paresse
     de tes frissons secrets
     et des lits défaits
où se courbe la rivière,
où se love la lumière :
     Après l’orage et le calme revenu,
                au silence dévêtu,
                la chair embrasée,
                enfin apaisée…


RC – avr 2019

aux herbes indomptées, les racines du ciel - ( RC )

 Les herbes indomptées
grimpent à l'assaut des collines.
Dans le silence, elles vibrent
de la harpe des vents,
se courbent en vagues
jusqu'au chapeau des bois sombres.


Des ondulations du causse,
un ventre de prières
est une promesse de paysage
offert à la lumière.


Les dents isolées des rochers,
fantômes de calcaire,
semblent la mordre 
en s'opposant aux racines du ciel
entrevues entre les nuages.


Je parcours les chemins caillouteux
entre les parois de murets centenaires
comme des lèvres gercées...








la récompense du marcheur - ( RC )


 On peut marcher longtemps
sans rencontrer personne,
aboutir dans une ferme à la toiture effondrée
où des carcasses de véhicules vétustes
sont exposées comme au musée,
un jeune pin voisinant leur rouille.


Les troupeaux de brebis ne viennent plus
faire résonner la steppe de leurs sonnailles,
le silence  s'est refermé ,        main invisible
                 dans les champs hors d'âge,
      où personne ne vient plus 
faire obstacle à l'avancée des pins.


Pourtant, en suivant un chemin
au parcours incertain,
de loin en loin, jurant sur la grisaille
                 un vert insolent 
dans la cuvette soyeuse d'une doline, 
contraste avec les pentes sauvages.


C'est la récompense du marcheur.
               Le causse réserve des surprises
dans  le moutonnement de ses collines
Tout n'est pas retourné à l'abandon
au seul profit des vallées touristiques
séparées d'elles par ses falaises verticales...





toutes photos perso  causse de Sauveterre,  Lozère

mercredi 21 février 2024

Va où les pas te portent - ( RC )


                                                       photo RC          côte des Bondons, corniche du Tarn, Cévennes, Lozère 


Va où les pas te portent,

ôte tes chaussures
pour naviguer entre deux crêtes,
entre dans le matin gris,
glisse sur les épines lisses,
que tes poumons s’emplissent
de l’air sucré de pins,
puis plaqué sur la roche
à même la falaise
trouver cet étroit passage
fleurs de lichens orangés
s’accrocher aux rochers,
respirer la pierre,
rugueuse sous les mousses,
encore quelques efforts
pour hisser ton corps,
voir les épis sauvages
se courber sous le vent,
crépuscule d’éternité
épiderme de la vallée,
les villages dans les brumes
au loin, presque effacés,
suivre un sentier incertain
tracé par les bêtes
sangliers et lapins
empiéter sur le territoire
des oiseaux au vol froissé d’ailes
suivre encore le chemin
sous la voûte des mélèzes,
remettre les chaussures
éviter les flaques
du précédent orage…
…envisager le retour
sous le matin-pluie
après un grand détour…

vendredi 9 février 2024

Les gris de payne de la Rance

 Proche de l'embouchure du fleuve, la Rance est soumise, comme beaucoup des cours d'eau côtiers de Bretagne ( les abers )   au flux et reflux de la marée.

La marée basse révèle les vases, leur matité, leur humidité, surtout lorsque la lumière changeante révèle des nuances  brunes, bleutées,  qui se combinent  avec les rideaux de brume.

Le temps variable permet d'autant plus de capter les aspects  changeants de  ce paysage  "lunaire",

qui n'est jamais défini, car recouvert par la marée  ou découvert par son reflux.


Observer  ces nuances permet aussi de préparer les prises de vues  de façon à pouvoir  les compenser ultérieurement pour  révéler d'autres nuances qui seraient gommées par de trop fortes oppositions ( contrastes ), notamment  quand  on fait le choix  du contre-jour.


















mardi 12 décembre 2023

au hameau Palhers de Bramonas


Ce hameau se situe sur le causse,  au niveau de la ferme fortifiée 
du Choizal,  juste avant la descente  vers la vallée du Lot ( entre Bramonas et Balsièges)...  une route  caillouteuse permet d'y accéder...



une des aires de battage du hameau ( il y a des chances que Palhers,  que certains orthographient Paillers,  vient de la paille...)

le futur du potager...

l'ancien puits ( avant qu'on y installe un pancarte laide en pvc )


le fond du puits




deux vues du même endroit à des époques différentes  ( panoramiques associés )

ancienne réserve  d'eau



l'un des deux fours du hameau ( dont la couverture a été refaite- mais pas dans les lauzes calcaires d'origine )






maison abandonnée  et  sa voûte



de certaines fermes, il ne reste  que  la  voûte en plein cintre
 

lundi 6 novembre 2023

le découvert du jour en suspension- ( RC )

 


Le découvert du jour
s’imprime en suspension
au-dessus de la vallée.
On ne la voit pas,
on la devine à ses pentes.
Des pentes qui s’accélèrent
jusqu’à la faille profonde
où le mince ruban d’argent du Tarn
sinue dans un reste de soleil .

Elles disparaissent derrière les collines,
qui, à tour de rôle
s’emparent de la lumière,
puis plongent dans l’ombre,
alors que celles placées derrière
appellent un autre fond,
se succèdent,
comme les croupes des chevaux,
de beige ou de blanc vêtus,
selon la saison.

où rien ne vient troubler le silence…


( ce texte est visible  également  sur le blog poétique )

mercredi 1 novembre 2023

marche en Aubrac 02


Sur la plateau de l'Aubrac, au niveau de Malbouzon:
ces photos sont prises par ma fille et son compagnon Cédric,  un certain nombre ont été retouchées par mes soins, pour mieux mettre en valeur les nuances et contrastes