-
Photographies personnelles des régions de la Margeride à l'Aubrac
et surtout les grands plateaux calcaires qui font suite ( et fin ) aux grands Causses
-
Je pensais avoir égaré ces photos prises il y a sept ans... finalement "retrouvées"
et bien voila une occasion de les faire "renaître"...
ce qui permettra de faire le lien avec l'article sur Montmajour, visité lors des rencontres photographiques un salut de la lune ! les arbres mangent les pierres Les arènes, à la tombée de la nuit.., mais avec cette lumière particulière de novembre, même un simple portail métallique prend de l'intérêt. x
L'église ( souvent fermée ) comporte des chapiteaux très particuliers, dont j'ai fait dans le temps quelques croquis ( plus parlants que si je les avais faits en photographie ).-> peu de lumière... difficulté à réaliser des mises au point correctes... Certains ont été retranscrits ensuite en version " aquarelle"...
un petit "mix" fantaisiste à partir des dessins que j'ai "extraits"
autour de l'église le cimetière comprenant des tombes aux inscriptions partiellement effacées, et ces étranges blocs de résine aux fleurs prisonnières
Les collines s’offrent, couchées en travers de l’horizon . Leur attitude a celle du corps d’un gisant, endormi sous le soleil comme sous la pluie , avec une robe d’herbes et de pins. – Il attend de se réveiller – après avoir dialogué des millénaires, avec les aubes, et ombres furtives . Celles qui survolent, sans s’arrêter, causses et falaises de pierre . Le parcours des nuages, ne laisse de leur passage qu’une trace effilochée , une sorte d’image du vent , - de celle qu’on ne peut saisir, ni déchiffrer le message. On pense les pentes immobiles : elles le sont en quelque sorte, à notre échelle de temps , mais ce sont des vagues, et elles déferlent, rebelles, sous le ciel oublieux. Contrairement aux gisants soulevant les plaines, le ciel n’a pas de mémoire , et varie au jour le jour . Il ne fait pas mystère de son indifférence. Que ce soient des périodes gaies ou attristées par des guerres , des catastrophes, il ne se souvient de rien. Il n’est la proie ni du malheur, ni de la joie . Alors que la roche se referme sur ses blessures : le sol conservant en profondeur, intact – le livre de la terre , peuplé de grottes souterraines, et d’espèces fossilisées. Souffre-t-elle du passage du temps ? En est-elle prisonnière, ou conserve t-elle des êtres de pierre dont la légende s’éternise ? Il suffit de vouloir la lire, d’aimer les vallées verticales, de capter le pinceau de lumière qui les sculpte, et les fait basculer dans d’autres saisons, comme dans d’autres mondes . – RC – juin 2017
le terroir des Bondons, au pied du mont Lozère, a fait l'objet déjà de trois articles, en particulier pour les sites mégalithiques qu'il recèle...voir cet article, et cet autre
( on ne s'étonnera pas donc qu'il ait été considéré comme "sacré"...) -- Mais c'est aussi un endroit qui a beaucoup de personnalité , notamment quand le ciel fait des siennes...
Mais selon les saisons et conditions climatiques, on le perçoit sous un aspect chaque fois différent
voila donc fin juillet 2017 ce que ça donne, la clarté passant entre les nuages, et faisant ressortir les plans.
Toutes les photos sont prises quasiment du même point de vue, et les couleurs variaient d'une seconde à l'autre.
LOZÈRE - extrait du recueil " les murs du temps" --- Mon passé est mon avenir, mon avenir est mon passé, Je n’ai jamais su où finir mais avais-je rien commencé Et ce fleuve qui me sépare de cet autre horizon du temps Où une rose de drapeaux halète dans la main du vent Je suis en moi son origine jusqu’à cette pierreuse source Dans la combe d’une poitrine où se confondent d’autres sources Et dans ces rivages touffus engloutis dans la profondeur Où mon père parle à ma mère une langue que je retrouve Si la nuit j’expire à mon tour ce souffle d’herbe au fond des douves Ou cette plainte murmurée à des lèvres immémoriales. Quelle foule escorte toujours dès qu’elle a refermé la porte Ou que décroît un pas perdu sur une route de baisers La visiteuse chaque soir qui se penchait sur mes paupières Et les mêmes témoins nocturnes jadis dans l’ombre du rideau Ont-ils cessé de chuchoter leurs longs secrets cousus de larmes A cet enfant abandonné dans les décombres du sommeil ? Je reconnais sous les arceaux d’un même feuillage immobile, A la table sous la tonnelle ou près du mur entre les roses, Leur visage toujours cerné du même cerne de velours, Ce soldat qui n’en finit plus de regarder loin devant lui, La même aïeule sous sa guimpe et, dans le cloître de ses mains, Cette religieuse peut-être qui sut un jour mon nom d’enfant Et qui le cherche dans sa bouche où tremble encore un autre nom. D’autres sont là, cachés, trahis par la nuit blanche de l’épine, Près du portail dont j’ai perdu depuis longtemps la clé rouillée, Je n’ai jamais rien connu d’eux que leurs robes dans le grenier Ou ces habits tissus de vent dans des armoires entrouvertes, Mais il suffit que je m’approche de cette combe sous les feuilles, Là où commence la forêt et ses dédales interdits, Pour que leurs mains touchent mes mains, pour qu’ils effleurent mon visage Ou que j’entende dans ma gorge sourdre leur plainte ensevelie. Reproche, sourire, murmure, patrie émiettée dans le cœur, A chaque geste que je fais, au battement d’un cil soudain Ou si mes doigts cherchent dans l’ombre un autre corps qu’ils croient vivant, Cette caresse éveille au fond de son lit d’algue et de soupirs Un autre couple bouche à bouche, un autre fleuve de baisers; Elles se renouent dans mon sang les lentes noces solennelles, Les fiançailles chuchotées, leurs tendres gestes de jacinthes, Et ce tremblement d’une main jadis dans la houle nocturne Affleure encore au ras des eaux et me supplie de l’achever. J’ai déjà dit ce même nom, j’ai déjà bu ce même souffle, Tout ressurgit, le temps intact, les longues strates dans le songe, Et toi, mémoire aux deux visages, mémoire plus vieille que moi, Tu m’entraînes toujours plus loin sous cet humus d’images en moi Où les mêmes gestes sans âge retrouvent le secret des jours Et les gisantes dans leur lit qui se referment doucement Regardent la lune grandir sur l’aire pleine de bouquets —Je vois comme elles au bord du ciel une charrue abandonnée, Ce bras levé et dans ce poing une poignée de grains brûlants, Cette Lozère sous les pierres et son murmure de forêts, Ces loups même l’un contre l’autre serrés sur le seuil un matin Et jusqu’à ce village vide où une femme en robe noire Fait encor signe sur la route à un enfant qui n’est plus là.